Stéphane Mallarmé

La pendule de Saxe

Achetée par Mallarmé lors d’un voyage à Londres, cette petite pendule aux motifs floraux de la fin du 18ème siècle, en porcelaine de Saxe, était l’un de ses bibelots préférés.

Une pendule poétique

À l’automne 1864, Mallarmé rapporte de Londres une jolie petite pendule fleurie en porcelaine de Saxe. Ayant le goût des objets anciens, il l’a probablement acquise en chinant.

Elle décore d’abord son appartement de Tournon, en Ardèche, où il occupe son premier poste comme professeur d’anglais. Éblouie par sa splendeur, sa femme Marie ne cesse de l’admirer, comme en témoigne Mallarmé dans une lettre adressée à son ami Henri Cazalis le 9 octobre : « Elle a été éblouie des belles choses que j’ai rapportées, de bien loin, et ne cesse de contempler la belle petite pendule de Saxe ».

Bien vite, Mallarmé s’en inspire pour le poème en prose « Frisson d’hiver », qui célèbre « la grâce des choses fanées » et dans lequel il évoque, en plus de la pendule, son vieux bahut, sa glace de Venise et d’autres « vieilleries ».

Cette pendule de Saxe, qui retarde et sonne treize heures parmi ses fleurs et ses dieux, à qui a-t-elle été ? Pense qu'elle est venue de Saxe par les longues diligences d'autrefois.

Stéphane Mallarmé, « Frisson d'hiver » (extrait), 1864

Le « délicieux bibelot » en majesté

En 1896, Mallarmé effectue de menus travaux de réaménagement dans le petit appartement de Valvins et assigne au « délicieux bibelot » « la place suprême » : au-dessus de la cheminée de la salle à manger, où il a retrouvé sa place.

La même année, Henri de Régnier, un ami de Mallarmé, lui dédie un poème intitulé « La pendule de porcelaine ».

Et dans la maison claire en ses tapisseries, / Une pendule de porcelaine fleurie / Contourne sa rocaille où l’Amour s’enguirlande.

Henri de Régnier, « La Pendule de porcelaine » (extrait), 1896

Bibliographie

  • Stéphane Mallarmé, Lettre à Henri Cazalis du 9 octobre 1864, Correspondance 1862-1871, Paris, Gallimard, 1959
  • Stéphane Mallarmé, Lettre à Geneviève et Marie du 15 mai 1896 et Lettre à Henri de Régnier du 15 juin 1896, Correspondance VIII, 1896, Paris, Gallimard, 1983