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Un mardi à Valvins : l'escadron volant

Berthe Morisot, Portrait de Julie Manet et de Paule Gobillard, collections du musée Stéphane Mallarmé. © Yvan Bourhis
Chaque mardi, rendez-vous sur le site internet du musée pour découvrir un écrit sur le poète.
Cette semaine, nous vous proposons un voyage dans le temps sur les traces de Jeannie Gobillard à Valvins.

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À partir du milieu des années 1880, tous les mardis soirs, Stéphane Mallarmé reçoit des hommes de lettres et des artistes, surnommés les « mardistes ». Pour rendre hommage à ces célèbres soirées, nous vous donnons rendez-vous chaque mardi sur le site internet du musée pour découvrir un écrit sur le prince des poètes.

Qui est l'escadron volant ?

Profondément touché par la mort de son meilleur ami Édouard Manet en 1883, Stéphane Mallarmé noue une solide amitié avec Berthe Morisot, belle-soeur du peintre. Lorsque son mari Eugène meurt en 1892, le poète devient à la demande de l'artiste le tuteur de leur fille Julie Manet.

L'année suivante, mère et fille séjournent à Valvins pour le plus grand bonheur de Mallarmé : 

Vous nous avez apporté une fête, sentir une promenade, dans le voisinage et j'en apprécie à sa valeur le charme passé : votre présence ici paraissait si naturelle.

Lettre de Stéphane Mallarmé à Berthe Morisot, 1893.

C'est également en 1893 que les cousines de Julie, Paule et Jeannie Gobillard, devenues orphelines, sont accueillies chez leur tante Berthe. Malheureusement la peintre décède à son tour deux ans plus tard tandis que le trio inséparable continue à vivre sous le même toit chaperonné par une gouvernante. 

Après la mort de sa mère, Julie continue de venir à Valvins auprès de son tuteur et emmène avec elle ses inséparables cousines. En 1898, elle confie d'ailleurs dans son journal ces doux moments passés aux côtés du poète et de sa famille : « Nous passons la journée à Valvins avec les Mallarmé qui nous reçoivent avec leur gentillesse habituelle et nous éprouvons un vif plaisir à les voir. Mallarmé nous promène en barque sur la Seine qui est délicieuse, nous rentrons pour prendre le thé dans le jardinet tout fleuri de roses trémières : trois d'un joli rose nous représentent, dit Mallarmé ».

 

Jeannie, la musicienne

Du fait qu'elles voyageaient énormément, le poète les surnommait affectueusement le trio « l’escadron volant » et veillait sur elles : « Il nous avait si gentiment adoptées, tout de suite, comme filles, Paule et moi et nous avions été tellement touchées de ce qu’il nous traitait de même que Julie. » (Lettre de Jeannie Gobillard à Geneviève Mallarmé,1898). 

C’est par l’intermédiaire du poète que Jeannie rencontre celui qui deviendra son époux : Paul Valéry. Aujourd'hui conservé au musée, ce dessin original à la plume réalisé par Julie Manet représente le jeune disciple de Mallarmé tournant les pages pour sa future femme, qui sans surprise... Joue du piano.

Unies jusque dans les liens du mariage, Jeannie et Julie se marient respectivement au cours d'une double cérémonie à Paul Valéry et Ernest Rouart en 1900. 

Alors que sa sœur aînée Paule et sa cousine Julie se consacrent à la peinture, Jeannie délaisse très rapidement le pinceau pour les touches d'un piano comme le révèle Mallarmé dans un quatrain écrit pour la jeune femme : 

Sur le chignon blond de Jeannie

Un diamant scintille à nos

Regards quand avec le génie

Elle dompte les pianos.

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Découvrez la suite des aventures de l'escadron volant avec Paule Gobillard