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Un mardi avec Mallarmé : le cabinet japonais

Chaque mardi, rendez-vous sur le site internet du musée pour découvrir un écrit sur le poète.
Cette semaine, les collections du musée sont mises à l'honneur avec une présentation du cabinet japonais de Mallarmé.

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À partir du milieu des années 1880, tous les mardis soirs, Stéphane Mallarmé reçoit des hommes de lettres et des artistes, surnommés les « mardistes ». Pour rendre hommage à ces célèbres soirées, nous vous donnons rendez-vous chaque mardi sur le site internet du musée pour découvrir un écrit sur le prince des poètes.

Le cabinet japonais du poète

Ce cabinet laqué de style extrême-oriental se trouvait dans la chambre de l'appartement parisien de Mallarmé. Il témoigne de la vogue du japonisme qui déferle sur l’Europe dans la seconde moitié du 19e siècle.

Apporté à Valvins suite à l'achat de la maison par sa fille et son gendre après sa mort, le meuble trône désormais dans le boudoir parmi d’autres objets de style japonisant que possédait le poète, dont des éventails exposés en rotation pour des raisons de conversation. 

 

 

Un meuble précieux à l’origine mystérieuse

Incrusté de nacre, ce cabinet est d’une très belle exécution. Son origine reste mystérieuse, un démontage a permis de découvrir des tampons de La Havane laissant supposer qu’il a été monté à Cuba. Il est la preuve de l’ampleur du commerce du japonisme à cette époque.

On retrouve sur le meuble plusieurs décors peints avec des éléments emblématiques du pays du soleil levant comme des temples, des samouraïs ou encore des grues. 

Le grand personnage sur le côté est une figure de type occidental, semblable à ceux peints sur les paravents japonais "namban" des 17e et 18e siècles : les artistes chinois et japonais représentaient en effet les Occidentaux avec de grands chapeaux ou des costumes de religieux.

 

Un écrin pour l'œuvre ultime du poète

C’est dans ce meuble aux multiples tiroirs, que Mallarmé accumule de 1866 jusqu’à sa mort ses notes pour son Grand Œuvre, le Livre, œuvre ultime et unique illustrant la pensée du poète.

Lettre à Verlaine, 16 novembre 1885 : « J’ai toujours rêvé et tenté autre chose, avec une patience d’alchimiste, prêt à y sacrifier toute vanité et toute satisfaction, comme on brûlait jadis son mobilier et les poutres de son toit, pour alimenter le fourneau du Grand Œuvre. Quoi ? c’est difficile à dire : un livre, tout bonnement, en maints tomes, un livre qui soit un livre, architectural et prémédité, et non un recueil des inspirations de hasard, fussent-elles merveilleuses… »

L'ouvrage ne verra jamais le jour car le poète, mourant, demandera à sa femme et sa fille de détruire ces notes, soucieux de ne pas livrer à la postérité cette pensée encore inachevée.

 

Recommandation quant à mes papiers, 8 septembre 1898 : « Alors vous ne vous étonnez pas que je pense au monceau demi séculaire de mes notes, lequel ne vous deviendra qu'un grand embarras ; attendu que pas un feuillet n'en peut servir. Moi-même, l'unique, pourrais seul en tirer ce qu'il y a... Je l'eusse fait si les dernières années manquant ne m'avaient trahi. Brûlez par conséquent : il n'y a pas là d'héritage littéraire mes pauvres enfants. [...] croyez que ce devait être très beau. »

Ce qui est arrivé jusqu'à nous se résume à un ensemble de notes et de brouillons qui sera publié pour la première fois en 1957 sous la responsabilité de Jacques Scherer alors professeur de littérature française à la Sorbonne. Bien après le décès du poète, le Livre mallarméen n'a cessé d'exercer sa fascination sur les écrivains et les artistes en devenant le symbole de l'ambition littéraire par excellence.

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