Stéphane Mallarmé

La « table des mardis »

Cette table ronde en bois de style Louis XVI, présentée dans la salle à manger de la « petite maison au bord de l'eau », se trouvait à l'origine dans la salle à manger de l'appartement parisien de Mallarmé. C'est le meuble emblématique des « mardis de la rue de Rome ».

Une table d’une grande valeur symbolique

C’est autour de cette table que se réunissaient, à partir de 1883, les « mardistes », ces hommes de lettres et ces artistes que Mallarmé avait pris l’habitude d’inviter chaque mardi soir chez lui. Parmi les plus célèbres figuraient Paul Claudel, Claude Debussy, André Gide, Oscar Wilde, Alfred Jarry, Paul Valéry et James Whistler.

Ces réunions ont joué un rôle essentiel dans la vie de Mallarmé. Le poète y voyait la possibilité d’échanger des idées avec ses confrères. Mallarmé traitait de tous les sujets du moment (littérature comme faits divers) et relatait aussi avec ses invités des « anecdotes exquises, spirituelles ou malicieuses », comme le rapporte Geneviève, la fille du poète, dans un témoignage de novembre 1916.

Le 1er mardi soir (après huit heures) qu'il vous sera loisible de vous égarer rue de Rome, montez donc fumer une cigarette et causer, au 89. J'y suis toujours pour quelques jeunes et vieux amis.

Le pot à tabac en porcelaine de Chine

Placé au centre de la table, le pot en porcelaine de Chine dans lequel chaque convive puisait du tabac revêtait une place notable dans ces réunions.

Synonyme de convivialité, le tabac jouait en effet un rôle important dans la sociabilité de l’époque, comme en témoignent plusieurs poèmes de Mallarmé tels que « La Pipe » et « Toute l’âme résumée… ».

Hier, j’ai trouvé ma pipe en rêvant une longue soirée de travail (...) mais je ne m’attendais pas à la surprise que me préparait cette délaissée, à peine eus-je tiré une première bouffée (...) attendri, je respirai l’hiver dernier qui revenait.

Stéphane Mallarmé, « La Pipe » (extrait)

Bibliographie

  • Geneviève Bonniot-Mallarmé, « Mallarmé par sa fille » (lettre de Geneviève Bonniot-Mallarmé à Camille Mauclair du 5 novembre 1916), La Nouvelle Revue Française, novembre 1926
  • Gordon Millan, Les « mardis » de Stéphane Mallarmé, Mythes et réalités, Saint-Genouph, librairie Nizet, 2008