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Un mardi avec Méry : la muse de Mallarmé

Chaque mardi, rendez-vous sur le site internet du musée pour découvrir un écrit sur le poète.
Cette semaine, la poésie est à l'honneur avec celle qui fut la muse de Mallarmé : Méry Laurent.

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À partir du milieu des années 1880, tous les mardis soirs, Stéphane Mallarmé reçoit des hommes de lettres et des artistes, surnommés les « mardistes ». Pour rendre hommage à ces célèbres soirées, nous vous donnons rendez-vous chaque mardi sur le site internet du musée pour découvrir un écrit sur le prince des poètes.

La « cocotte » et le poète

Modèle de Manet, c'est dans l'atelier du peintre que Mallarmé rencontre celle qu'il surnomme « Paon » alias Méry Laurent au milieu des années 1870. Demi-mondaine, elle tient un salon littéraire où elle accueille notamment Zola et Proust qui s'inspireront d'elle pour les personnages de Nana et d'Odette de Crécy.

La « cocotte » et le poète deviennent bientôt amis intimes et Méry s’avère être une véritable muse pour Mallarmé qui lui dédiera plusieurs poèmes et remanie pour elle les Contes indiens en 1893. Pendant les quinze dernières années de sa vie, elle occupe une place déterminante dans la vie et l’œuvre du poète qui trouve en elle une confidente drôle et cultivée mais aussi une source d’inspiration poétique. 

 

Malheur à qui n'est pas charmé par quatre vers de Mallarmé.

Méry Laurent

Que la dame au doux air vainqueur,
Qui songe, neuf, Boulevard Lannes,
T’ouvre, ô mon billet, comme un cœur,
Avec ses ongles diaphanes.

Quatrain-adresse à Méry Laurent
Lettre du samedi 24 mai 1884.

Quatrain du bouquet,
Lettre du 4 avril 1885.

Chaque rose semblant
Presque une bouche nue
Te souhaite, Paon blanc,
Chez toi la bienvenue.

Chanson sur un vers composé par Méry,
Lettre du mardi 1er janvier 1889.

Si tu veux nous nous aimerons
Avec tes lèvres sans le dire
Cette rose ne l’interromps
Qu’à verser un silence pire

Jamais de chants ne lancent prompts
Le scintillement du sourire
Si tu veux nous nous aimerons
Avec tes lèvres sans le dire

Muet muet entre les ronds
Sylphe dans la pourpre d’empire
Un baiser flambant se déchire
Jusqu’aux pointes des ailerons
Si tu veux nous nous aimerons.

Éventail de Méry Laurent, 1890

De frigides roses pour vivre
Toutes la même interrompront
Avec un blanc calice prompt
Votre souffle devenu givre

Mais que mon battement délivre
La touffe par un choc profond
Cette frigidité se fond
En du rire de fleurir ivre

À jeter le ciel en détail
Voilà comme bon éventail
Tu conviens mieux qu'une fiole

Nul n'enfermant à l'émeri
Sans qu'il y perde ou le viole
L'arôme émané de Méry.

Elle a ce mignon travers de comprendre un peu mes vers.

Stéphane Mallarmé

Sous ses cheveux de lumière 
J'aime aussi Méry Laurent
Elle même la première
Avec raison s'adorant

Vers du Nouvel An à Méry,
Lettre du 1er janvier 1892. 

Dernier quatrain à Méry Laurent,
Lettre du 15 août 1898.

Plus rapide à tire-d'aile
Que lui de prendre le train
Un heureux baiser fidèle
Devancera mon quatrain.

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