Musée

De l'auberge au musée

Auberge-relais pour les coches d’eau au cours du 18ème siècle puis villégiature de Stéphane Mallarmé à la fin du 19ème siècle, la « petite maison au bord de l’eau » a été marquée à jamais par la présence du « Prince des poètes ».
Elle est devenue, grâce à la volonté de ses héritiers et au Conseil départemental de Seine-et-Marne, un musée à sa mémoire.

Une auberge pour les coches d’eau (18ème siècle) : « l’isle de Cayenne »

La maison louée par Stéphane Mallarmé a d’abord été une auberge pour les coches d'eau.

Dès les années 1780, il est fait mention d'une auberge à cet endroit, sur la rive droite de la Seine, à proximité du bac permettant la liaison entre les deux rives (le premier pont ne fut construit qu’en 1825). Il s’agirait même de la première habitation construite de ce côté-ci de la rivière.

L’existence de cette auberge appelée « L’isle de Cayenne », en référence au lieu-dit Cayenne où elle se situe, était liée aux activités du fleuve : elle constituait en effet un relais pour les coches d’eau, les bateaux transportant des voyageurs de Paris à Fontainebleau, halés par des chevaux depuis la berge (sur le chemin de halage).

Les premières évocations de la maison ne livrent pas le nom de son propriétaire. À partir de 1813 et jusqu’à 1902, elle appartient à la famille Mary. Il existe plusieurs descriptions précises des lieux avant que Mallarmé ne les investisse. Elles nous apprennent que l'auberge est assortie de plusieurs dépendances « servant de grange, écurie, vacherie, poulailler, toits à porcs » et d'un jardin « derrière et à côté entouré de murs ».

La maison de vacances de Stéphane Mallarmé (1874-1898) : les fiançailles d'un poète et d'une maison

Lorsque Stéphane Mallarmé découvre Valvins en 1874, il tombe sous le charme de ce lieu avec lequel, selon ses propres mots, il se « fiance ».

Un jour qu'il rend visite au graveur Alfred Prunaire (1837-1912) qui passe l’été dans une maison près de Fontainebleau, celui-ci lui signale une petite maison à louer près du pont de Valvins, l’auberge des Mary, que Mallarmé ne tarde pas à occuper.

Il loue quelques pièces au premier étage et y vient d’abord chaque été, avant de multiplier ses séjours, à Pâques, à la Toussaint, puis de mai à novembre après sa retraite prise en 1893. Il y décède le 9 septembre 1898, à l’âge de 56 ans, et est enterré au cimetière de Samoreau, non loin de Valvins.

Pour en savoir plus sur les séjours de Mallarmé à Valvins, consultez la page La maison du poète.

Le rôle des héritiers : préserver la mémoire du poète

Après la mort du « Prince des poètes », son entourage s’efforce de préserver sa mémoire en ces lieux.

En 1902, sa fille Geneviève et le mari de celle-ci, Edmond Bonniot, achètent la maison. Ils y apportent nombre d’objets qui se trouvaient jusque-là dans l’appartement parisien de la famille, comme la célèbre « table des mardis » et le « cabinet japonais ».

Après la mort de Geneviève en 1919, Edmond Bonniot se remarie avec Louise Sacquet, à laquelle il confie dans son testament la mission d’entretenir la sépulture du poète. Celle-ci y veillera bien plus que ne le lui avait demandé son mari, décédé en 1930 : elle conserve précieusement l'appartement et le mobilier du poète presque tels quels.

En 1923, pour commémorer le 25ème anniversaire de la mort de Mallarmé, un médaillon le représentant est apposé sur la façade de la maison.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la maison, éventrée par des bombardements, est en péril. Pour garantir sa sauvegarde, elle est inscrite à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1946. Louise Sacquet est obligée de vendre de nombreuses œuvres de valeur de Manet, Monet, Gauguin, Renoir, Redon ainsi que des livres et manuscrits précieux pour financer les travaux de réparation. Elle cède ensuite la maison à ses deux nièces en 1961.

La transformation en musée : rendre au lieu son visage « mallarméen »

Les deux nièces de Louise Bonniot, après avoir à leur tour œuvré à la préservation du site, décident, en 1982, de vendre la maison, rencontrant trop de difficultés.

Le Ministère de la Culture, en charge des monuments classés et inscrits, étudie alors le dossier et demande au Département de Seine-et-Marne d’en envisager l’achat. Ce dernier, soucieux de protéger le patrimoine local, accepte et crée dès 1985 un poste de conservateur pour répondre aux exigences professionnelles de la Direction des Musées de France.

L’acte de vente est signé le 3 juin 1985, en présence de Jack Lang, Ministre de la Culture. Un important travail de rénovation de la maison et du jardin commence.

Grâce aux témoignages et aux sources littéraires et iconographiques, les lieux retrouvent leur visage mallarméen. Une attention particulière a été accordée aux détails et à l’atmosphère générale se dégageant des lieux.

CAYENNE OU VALVINS ?

Si la maison louée par Mallarmé se trouve au lieu-dit Cayenne, pourquoi parle-t-on de Valvins ?

Valvins est également un lieu-dit, situé de l'autre côté de la Seine. Mallarmé a sans doute voulu éviter de situer sa maison de vacances à Cayenne, ce nom faisant immédiatement penser, à l'époque, au bagne de Cayenne, situé en Guyane française !