Stéphane Mallarmé

La poésie mallarméenne

Découvrez dans cette rubrique l’univers poétique de Stéphane Mallarmé. Considéré comme l’un des chefs de file du Symbolisme, le poète a développé une œuvre complexe, souvent perçue comme hermétique. Il a su créer un langage personnel et novateur qui inspire encore aujourd’hui un grand nombre d’artistes.

Premières influences

« L'Art pour l'art », Baudelaire et Poe

Admirateur de Charles Baudelaire et d'Edgar Poe, Mallarmé est également dans sa jeunesse attiré par le mouvement littéraire du Parnasse. Comme Paul Verlaine, François Coppée et José Maria de Heredia, il a pour références Théophile Gautier, Théodore de Banville et Leconte de Lisle, qui prônent une recherche de la perfection formelle et lancent le principe de l’art pour l’art.

Crise intérieure et nouvelle approche poétique

L’année 1866

En 1866, le poète traverse une grave crise intérieure qui l’amène à la perte de la foi et à la découverte du Néant. De cette crise naît une nouvelle conception poétique, fondée sur l’abandon de tout but de représentation au profit d’un art de l’analogie et de la suggestion. Pour lui, « nommer un objet, c’est supprimer les trois-quarts de la jouissance du poème qui est faite de deviner peu à peu ; le suggérer, voilà le rêve ».

Le symbolisme

Un nouveau langage

Grâce aux Poètes Maudits de Verlaine et à A Rebours de Huysmans, Mallarmé connaît une certaine célébrité au milieu des années 1880.
Pour une jeune génération d’écrivains, il devient le chef de file du Symbolisme, un courant fondé dans un rejet du réalisme et du naturalisme, et qui tente d’exprimer l’Idée abstraite par un jeu de correspondances, à travers images et sensations.
Selon Mallarmé le poète doit « Tout reprendre à la musique », « Peindre non la chose, mais l’effet qu’elle produit », et « Laisser l’initiative aux mots ». Il crée un langage inédit, choisissant les mots rares (tel le mot « ptyx » qu’il invente pour le Sonnet en –yx) et déconstruisant la syntaxe.
S’il est adoré par certains, Mallarmé est aussi en proie à de vives critiques : ses détracteurs lui reprochent le côté selon eux gratuitement et excessivement obscur de sa poésie, sans comprendre tout l’arrière-plan métaphysique qui hante ses vers.

Le Livre

Une œuvre utopique

Le poète a toute sa vie rêvé à un livre impossible, un « Grand Œuvre » alchimique tel qu’il le décrit dans sa lettre autobiographique à Verlaine : « Quoi ? C’est difficile à dire : un livre, tout bonnement, en maints tomes, un livre qui soit un livre, architectural et prémédité (…) J’irai plus loin, je dirai : le Livre persuadé qu’au fond il n’y en a qu’un (…) ».
Juste avant de mourir, Mallarmé écrit une note à sa femme et à sa fille, les enjoignant à brûler le « monceau demi-séculaire » de ses notes, avec cet ultime aveu : « Croyez que ce devait être très beau».

L’héritage

Au-delà des frontières

L’œuvre de Mallarmé n’a cessé d’inspirer écrivains et artistes au 20ème siècle.
Si Guillaume Apollinaire par exemple s’inspire probablement de la disposition spatiale du Coup de dés dans ses Calligrammes, c’est notamment la génération surréaliste qui s’intéresse à la poésie mallarméenne à partir des années 1920. Des artistes comme Pablo Picasso ou Henri Matisse trouvent en lui une source importante d’inspiration.

Les mystères du Livre, d’Igitur ne cessent de fasciner les contemporains, tout comme Le Coup de dés, l’ultime œuvre du poète restée inachevée dont la modernité est toujours bien sensible.

Sa récente traduction en arabe révèle une influence mallarméenne de grande envergure, bien au-delà des frontières européennes.