Stéphane Mallarmé

Les années 1870 : le rapprochement avec les milieux littéraires et artistiques parisiens

En 1871, Mallarmé s’installe à Paris et entre dès lors en contact avec les milieux littéraires et artistiques de la capitale.

1874 : « Le jury de peinture de 1874 et M. Manet »

Mallarmé publie cet article dans La Renaissance artistique et littéraire. Il y prend la défense de Manet dont deux tableaux ont été refusés pour le Salon de 1874.

La Dernière Mode

Mallarmé rédige en 1874 une étonnante revue, La Dernière Mode, qui réunit des articles sur la mode, les bijoux, le jardinage, l’ameublement, la gastronomie, le théâtre.
Il y signe sous des pseudonymes divers et souvent féminins tels que « Marguerite de Ponty » ou « Miss Satin » ! 
L’écrivain se prend au jeu de ce qui était au départ un gagne-pain.

Pas de jour qui se passe sans que l’une de nos abonnées nous demande : où choisir telle étoffe ? Où en trouver la garniture ? Réponse (faite ici maintenant pour qu’elle n’envahisse pas notre correspondance) : il y a deux moyens de s’habiller, soit de s’en rapporter pleinement à une grande faiseuse ou à un couturier, soit de dicter sa toilette à une femme de chambre.

« Gazette de la fashion » signée Miss Satin, in La Dernière Mode, VIIe livraison, 1874

1875, Le Corbeau d’Edgar Poe

Devenu professeur d’anglais « pour mieux lire Poe », Mallarmé traduit ses poèmes dont le célèbre Corbeau, qu’il édite dans une publication illustrée par Édouard Manet en 1875.

Une fois par un minuit lugubre, tandis que je m’appesantissais, faible et fatigué, sur maint curieux et bizarre volume de savoir oublié, – tandis que je dodelinais la tête, somnolant presque, soudain se fit un heurt, comme de quelqu’un frappant doucement, frappant à la porte de ma chambre, – cela seul et rien de plus.

Edgar Poe, Le Corbeau, traduction de Mallarmé, 1875

1876, L’Après-midi d’un Faune

Le poète travaille à cette œuvre en alternance avec Hérodiade, alors qu’il est à Tournon. Il la conçoit à l’origine comme un intermède héroïque en vers. Le texte connaît de nombreuses péripéties : refusé au théâtre en 1866, il est mis de côté par son auteur qui tente ensuite d’en faire paraître une scène dans Le Parnasse contemporain dix ans plus tard. 


Après un nouveau refus, Mallarmé remanie son texte pour une édition de luxe : celle-ci est illustrée par son ami Édouard Manet et paraît en 1876.

Aussi solaire et érotique qu’ Hérodiade est glacée et hivernale, le poème est popularisé en 1894 par Claude Debussy qui compose une musique inspirée par le texte, le célèbre Prélude à l ’Après-midi d’un Faune, puis par la chorégraphie dansée par Nijinski et les ballets russes en 1912.

LE FAUNE
Ces nymphes, je les veux perpétuer.
Si clair,
Leur incarnat léger, qu’il voltige dans l’air
Assoupi de sommeil touffu
Aimai-je un rêve ?
Mon doute, amas de nuit ancienne, s’achève
En maint rameau subtil, qui, demeuré les vrais
Bois mêmes, prouve, hélas ! que bien seul je m’offrais
Pour triomphe la faute idéale de roses.

L'Après-midi d’un faune (extrait), 1876

La même année, Mallarmé rédige la préface de Vathek de Beckford. Ses « gossips » paraissent régulièrement dans l’ Athenaeum de Londres.

1878, Les mots anglais

Ouvrage rédigé probablement en juillet et en août 1875, Les mots anglais dressent une histoire de la langue anglaise avant d’opérer une classification des différents thèmes. Edité chez Truchy-Leroy frères en 1878, l’ouvrage ne connaît pas un grand succès. L’éditeur renonce alors à publier les autres ouvrages préparés par le poète professeur sur la langue anglaise : Ce que c’est que l’anglais, Thèmes anglais, Beautés de l’anglais, L’Anglais et la Science contemporaine, Recueil de « Nursery Rhymes ».