Chaton, les iris masquent délicieusement le bas de la porte et, bientôt, bleuiront. (Lettre de Stéphane Mallarmé à sa fille Geneviève, 6 mai 1898)
Mallarmé s’exerce avec beaucoup de sérieux aux plaisirs du jardinage – même s’il apprécie les conseils de sa voisine et l’aide précieuse d’un ouvrier pour accomplir les « gros » travaux.
Lorsqu’il séjourne à Valvins sans sa femme et sa fille, restées à Paris, il leur donne des nouvelles du jardin. Sa correspondance abonde de détails sur ses activités, surtout à partir de 1896, et montre ainsi combien il aime jardiner. En plus de toiletter les fleurs chaque matin, il chasse les pucerons avec de la nicotine, sable les allées… Le jardin fait donc l’objet de tous les soins du poète, soucieux de le présenter en bon état à Geneviève, elle-même soucieuse de savoir dans quel état il se trouve, passé l’hiver.
Il me semble (…) que nous aurons, à l’arrivée, un jardin peu fleuri, malgré mes soins de cet automne. Ce doit être le manque d’arrosage par ce vent. (Lettre de Geneviève Mallarmé à son père, 13 mai 1896)
Non ton jardin s'annonce, beaucoup de petits soleils ; et mille plantes pointent, que tu as semées. Je voudrais que vous vissiez (…) les rosiers du mur qui éblouissent. (Réponse de Stéphane Mallarmé, 14 mai 1896)
Dans ses lettres, Mallarmé fait aussi état de ses dépenses et énumère les fleurs et les plantes qu’il achète pour étoffer les massifs : phlox, giroflées, chrysanthèmes, dahlias… Toutes ces plantes, entre deux et cinq sous : telles sont mes humbles folies. (4 mai 1898). Apparues avec timidité dans les jardins ruraux à partir du milieu du 19ème siècle, ces fleurs d’ornement étaient très appréciées à l’époque.