Stéphane Mallarmé

Le miroir aux monstres marins

De style italien, datant peut-être du 18ème siècle, ce miroir a probablement été acheté par Mallarmé à Tournon ou à Avignon dans la seconde moitié des années 1860. Fixé au-dessus de la cheminée de sa chambre, il montre l’importance que le poète accordait aux miroirs.

Stéphane Mallarmé et les miroirs

Dans de nombreux poèmes, Mallarmé montre sa fascination pour les miroirs, ces fioles de verre, « pureté, qui renferme la substance du Néant » (extrait d’Igitur).

Il évoque par exemple la glace de Venise, également conservée au musée, dans « Frisson d’hiver » de 1864.

Et ta glace de Venise, profonde comme une froide fontaine, en un rivage de guivres dédorées, qui s’y est miré ?

Stéphane Mallarmé, « Frisson d’hiver » (extrait), 1864

Le sonnet en « yx »

Le cadre doré du miroir, sur lequel des monstres marins s’entrelacent, fait écho au « Sonnet en yx » dont la seconde version a été écrite en 1887.

Le poème évoque en effet l’affrontement entre des licornes et une nixe, divinité aquatique dans les légendes germaniques, représenté sur le cadre doré d’un miroir:

Mais proche la croisée au nord vacante, un or / Agonise selon peut-être le décor / Des licornes ruant du feu contre une nixe, // Elle, défunte nue en le miroir, encor / Que, dans l'oubli fermé par le cadre, se fixe.

Stéphane Mallarmé, « Sonnet en yx » (extrait), 1887

Bibliographie

  • Stéphane Mallarmé, 9e cahier, Derniers sonnets, Sonnet IV dans Œuvres complètes, tome I, édition présentée, établie et annotée par Bertrand Marchal, Paris, Gallimard, La Pléiade, 1998, p. 98