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Un mardi avec les Manet : nouvelles acquisitions

Chaque mardi, rendez-vous sur le site internet du musée pour découvrir une nouvelle chronique sur Stéphane Mallarmé. Cette semaine, focus sur les nouvelles acquisitions du musée liées à la famille Manet, qui ont par le passé appartenu au poète.

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À partir du milieu des années 1880, tous les mardis soirs, Stéphane Mallarmé reçoit des hommes de lettres et des artistes, surnommés les « mardistes ». Pour rendre hommage à ces célèbres soirées, nous vous donnons rendez-vous chaque mardi sur le site internet du musée pour découvrir une chronique inédite sur le prince des poètes.

L'héritage mallarméen de retour au musée

En 2019, une convention de dépôt inédite de par sa richesse et sa diversité - une vingtaine d’œuvres d’art ainsi qu'une trentaine d’objets ayant appartenu à la famille Mallarmé, a été signée avec les héritières du poète pour cinq ans. Cette convention arrivant à son terme, le musée s'est porté acquéreur de cet ensemble exceptionnel, afin que l’héritage de Mallarmé puisse réintégrer la maison de Valvins. Parmi ces trésors, on retrouve notamment des œuvres d'artistes proches du poète, dont Édouard Manet, Berthe Morisot et sa fille Julie, qui ont chacun occupé une place importante dans la vie de Mallarmé. 

 

Édouard Manet, le meilleur ami

S’il y eut un peintre par-dessus tous les autres pour Mallarmé, ce fut sans conteste Édouard Manet. La profonde amitié qui lie l'artiste au poète semble avoir débuté en 1873, alors qu’ils sont quasi-voisins.

Ainsi Mallarmé rejoint quotidiennement son meilleur ami dans son atelier parisien jusqu'au décès du peintre en 1883.

Le Polichinelle d’Édouard Manet, dédicacé « A mon ami Stéphane Mallarmé, Ed. Manet », illustre l’amitié et l’admiration mutuelle entre ces deux grandes figures du 19e siècle liées par leur volonté de créer un nouveau langage moderne en peinture comme en poésie. 

C'est le peintre Edmond André qui prête ses traits au personnage haut en couleur de cette lithographie datant de 1874, pourtant alors que l'œuvre est présentée pour la première fois au Salon, elle fait scandale car le public perçoit en ce Polichinelle la figure de Mac Mahon, qui avait réprimé la Commune dans le sang en 1871.

Par conséquent, Manet se heurte à la censure alors qu'il émet le souhait d'éditer son estampe qui sera finalement imprimé à 8 000 exemplaires pour les abonnés du journal républicain Le Temps.

 

 

Berthe Morisot, la confidente

C’est en 1874, dans l’atelier de son ami Édouard Manet, que Mallarmé rencontre Berthe Morisot qui épouse la même année le frère du peintre, Eugène Manet. Leurs rapports se resserrent après la mort du peintre en 1883 dans le projet de défendre son œuvre.

Débutée en 1876, la correspondance échangée entre le poète et l’artiste devient régulière à partir de 1886 et perdurera jusqu'au décès de Berthe en 1895. À la lecture de ces lettres, on note surtout l'intimité et la confiance tissées au fil des années, à tel point que la peintre nommera Mallarmé comme tuteur de sa fille Julie Manet, suite à la disparition de son mari.

Le poète aime particulièrement faire appel à ses amis pour illustrer ses poèmes, notamment depuis sa collaboration avec Édouard Manet sur l'édition de L' Après-midi d'un faune en 1876. Dix ans plus tard, Mallarmé récidive en confiant à sa chère amie Berthe l’illustration de l'une de ses proses intitulée le « Nénuphar blanc », que le poète souhaite inclure dans son prochain recueil Le Tiroir de laque.

Le projet d'édition n’ayant finalement pas abouti, il subsiste cependant quelques vestiges de cette collaboration avortée, essentiellement des pointes sèches réalisées par l'artiste, dont la plus célèbre demeure Le Lac du bois de Boulogne

 

 

Julie Manet, la pupille

Si le musée Stéphane Mallarmé possède plusieurs œuvres de celle qu'on surnommera « l'héritière des impressionnistes », c’est que le poète était très proche de sa mère et de son oncle Édouard Manet.

Devenue orpheline, Mallarmé fut même choisi pour devenir son tuteur, rôle qui lui tiendra particulièrement à cœur. Julie Manet est donc bien entourée et partage son quotidien avec ses cousines Jeannie et Paule Gobillard.

Ce trio fusionnel, que Mallarmé surnomme affectueusement « l'escadron volant », fait d'ailleurs partie du cercle intime de la famille du poète. Le célèbre journal tenu par Julie témoigne ainsi des moments partagés entre les deux familles, à Paris et Valvins, et des liens qui perdureront malgré la disparition de Mallarmé en 1898. 

Parmi les œuvres issues du dépôt, certaines d’entre elles ont été réalisées à Valvins comme l’aquarelle Geneviève et Marie Mallarmé au jardin de Julie Manet. Ce tableau vient s'ajouter aux deux autres aquarelles de la jeune femme conservées au musée.

Elles représentent la même scène, à savoir la femme et la fille du poète en habit de deuil dans la cour de la maison en 1899. Enfin, une huile sur toile complète cet ensemble avec cette fois-ci un sujet bien différent : Sur la table de Mallarmé : coloquintes, pommes et chrysanthèmes signée par l'artiste. 

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Voir aussi

(Re)découvrez les épisodes dédiés à l'escadron volant