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Réouverture du musée
La maison du poète rouvre ses portes au public le 2 mai 2025.
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Félix Vallotton, peintre d'origine suisse naturalisé français en 1900, est un artiste à cheval sur deux siècles, deux pays et plusieurs tendances esthétiques, des Nabis à la Neue Sachlichkeit [Nouvelle Objectivité]. S'il est aujourd'hui moins connu en France qu'en Suisse, c'est pourtant à Paris, dans les années 1890, que ses gravures sur bois novatrices lui ont valu une renommée qui s'est rapidement étendue à l'Europe entière.
Tout au long de sa vie le « Nabi étranger », comme il était surnommé, s'est intéressé à une gamme étendue de sujets récurrents - intérieurs, toilettes, nus féminins, paysages, natures mortes... - rendus étranges par son style lisse et froid, aux couleurs raffinées, aux découpages et aux cadrages audacieux. Et bien qu'il ne fût pas toujours compris par la critique de son temps, Vallotton a su s'imposer comme une figure en vue de la scène artistique parisienne et trouver sa place dans le courant moderne, notamment en participant à de nombreuses manifestations internationales d'avant-garde devenues mythiques.
Stéphane Mallarmé porte un intérêt manifeste à l’art du « Nabi étranger », qui était d’ailleurs un proche de deux autres artistes de la nouvelle génération que fréquente le poète dans les années 1890, Pierre Bonnard et Édouard Vuillard.
En effet, Mallarmé et les Nabis se trouvent réunis par leurs collaborations respectives à La Revue Blanche, dirigée par Thadée Natanson, où le poète fait figure de mentor. Ces jeunes artistes sont amenés à fréquenter le poète à Valvins par l’intermédiaire de Natanson et de sa femme Misia, la muse du groupe, qui occupent une maison dénommée « La Grangette » à quelques pas de la demeure de Mallarmé entre 1896 et 1897.
Vallotton, pour répondre à une commande de la revue américaine d’avant-garde The Chap Book passée en février 1895, réalise un portrait de Mallarmé qui paraît dans le numéro du 15 août de la même année avant d’être repris dans Le Livre des Masques de Rémy de Gourmont en 1896, dans La Revue Blanche en janvier 1897 puis dans la revue belge Le Coq rouge en mars 1897.
Sollicité par Vallotton, le poète fixe la séance de pose au 2 mars 1895 : « Cher Monsieur Vallotton, Je vous réponds un peu du fond d’un rhume cloaqueux, dont ma tête n’émerge pas suffisamment pour que je vous l’offre ; mais je suppose que je serai, à la faveur du banquet Goncourt la veille, ratissé, mouché et pour la journée de Samedi. Voulez-vous, aux alentours de deux heures, prendre la peine de venir à la maison ; je vous y attendrai. »
Vallotton lui écrit en retour : «… Samedi donc à 2 heures, je m’efforcerai en abusant le moins possible, de donner corps à notre désir et si possible à tous nos admirateurs d’Amérique ».
Il existe plusieurs versions de ce portrait exécuté en 1895 : la plus connue est celle où le poète est représenté les yeux mi-clos, en noir et blanc alors que l’image est imprimée en rouge dans The Chap Book . Une version plus confidentielle montre Mallarmé les yeux fermés, qui sera utilisée en cul-de-lampe pour l’article de Georges Rodenbach consacré au poète dans la Revue franco-américaine de juillet 1895.
C’est ensuite à la demande de Mallarmé que Vallotton réalisa un portrait de Rimbaud destiné à illustrer son article « Arthur Rimbaud, lettre à M. Harrison Rhodes » qui paraît également dans The Chap Book, le 15 mai 1896.
Stéphane Mallarmé possédait en outre une épreuve du portrait d’Edgar Poe par Félix Vallotton, donnée par l’artiste et dédicacée « A Stéphane Mallarmé, hommage de l’auteur F.V », aujourd'hui conservée au musée.