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Un mardi avec Maurice Denis : « le Nabi aux belles icônes »

Portrait de l’artiste devant le Prieuré, 1921, Huile sur toile, musée départemental Maurice Denis.
Chaque mardi, rendez-vous sur le site internet du musée pour découvrir un écrit sur le poète.
Cette semaine, nous vous proposons de découvrir le mouvement symboliste avec Maurice Denis.

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À partir du milieu des années 1880, tous les mardis soirs, Stéphane Mallarmé reçoit des hommes de lettres et des artistes, surnommés les « mardistes ». Pour rendre hommage à ces célèbres soirées, nous vous donnons rendez-vous chaque mardi sur le site internet du musée pour découvrir un écrit sur le prince des poètes.

Maurice Denis, « le Nabi aux belles icônes »

Né en 1870 à Granville, Maurice Denis est un peintre, décorateur, graveur et théoricien de l'histoire de l'art. Il part ensuite étudier à Paris, au Lycée Condorcet, où il rencontre les futurs Nabis : Paul SérusierÉdouard Vuillard, Pierre Bonnard ou encore Ker-Xavier Roussel

 

En 1888, son ami Paul Sérusier revient de Pont-Aven avec un petit tableau peint sous les conseils de Paul Gauguin qui l'encourage à représenter le réel à sa manière en se libérant des contraintes réalistes et imitatives de la peinture. Cette modeste huile sur toile, renommée Le Talisman, est offerte à Maurice Denis et devient le manifeste fondateur du mouvement des Nabis.

À son retour de Bretagne, Sérusier transmet les préceptes de Gauguin à ses amis qui adhèrent avec enthousiasme à cette nouvelle approche picturale. Le groupe se baptisent les Nabis (« prophètes » en Hébreu), terme qui traduit leur quête de spiritualité et de renouveau esthétique, ils se considèrent comme les disciples de Gauguin, en qui ils voient un messie. 

 

Maurice Denis devient à la fois le porte-parole et le théoricien du mouvement :  « un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées ». Ainsi, les Nabis s'attachent à ne garder du motif que l'essentiel, à remplacer l'image par le symbole et à substituer la représentation de la nature par l'interprétation d'une idée.

 

 

Autrement dit « L'art est avant tout un moyen d'expression, une création de notre esprit dont la nature n'est que l'occasion » explique Denis, les Nabis se distingue par ce biais du mouvement impressionniste car selon eux, ce n’est pas la nature qui guide l’œil du peintre, mais bien l’esprit de l’artiste. Dès lors, ils prônent un retour à l’imaginaire et à la subjectivité en s’inspirant des rêves, des contes et des légendes ou encore des religions et des croyances. 

Bien qu'il est marqué l'histoire de l'art, ce mouvement demeure éphémère car le groupe se délite vers 1900, les différents membres ayant pris des voies différentes. Cette issue était sans doute prévisible, les Nabis ayant chacun une identité artistique singulière affirmée à travers leur surnom. Peintre chrétien animé d'une grande foi, Maurice Denis fut ainsi « le Nabi aux belles icônes ». 

 

 

 

Mallarmé et les Nabis

Mallarmé et les Nabis se trouvent réunis par leurs collaborations respectives à La Revue Blanche, dirigée par les frères Natanson, et par leurs liens avec l’éditeur Ambroise Vollard au cours de la décennie 1890. Ces anciens élèves du lycée Condorcet – où Mallarmé fut professeur d’anglais, sont amenés à fréquenter le poète à Valvins par l’intermédiaire de Thadée Natanson, qui occupe une maison dénommée « La Grangette » à quelques pas de la demeure du poète. 

Denis et Mallarmé sont liés par leur volonté de créer un renouveau artistique en peinture comme en poésie : le symbolisme. Pour la nouvelle génération d’écrivains, le poète devient le chef de file de ce mouvement littéraire qui cherche à représenter la vie spirituelle et intérieure de l’homme. De ce fait, les symbolistes veulent découvrir les secrets qui se cachent derrière la réalité visible. Pour eux, on ne peut décrire le monde directement, ils utilisent donc la suggestion, des symboles et des analogies pour élaborer un langage poétique fondé sur une conception spirituelle du monde.

Ce mouvement va s'étendre à d'autres formes artistiques dont la musique, le théâtre et surtout la peinture. On retrouve chez les Nabis cette même quête spirituelle, ils prônent ainsi un retour à l'imaginaire en s'inspirant de la spiritualité, de l'imagination, de la mythologie ou encore des rêves. Leurs œuvres sont par conséquent empreintes de symboles et d'allégories. Comme bien des Nabis, le jeune Maurice Denis rêvait d'approcher Mallarmé, en 1894, il illustrera deux de ses poèmes : Petit air et Apparition

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