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Réouverture du musée
La maison du poète rouvre ses portes au public le 2 mai 2025.
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Paul Valéry découvre l’œuvre de Mallarmé grâce à À rebours de Joris-Karl Huysmans (1884) qui le propulse sur le devant de la scène. Subjugué par Hérodiade, Valéry écrit à Mallarmé une première lettre non envoyée : « Cher maître, Les noms prestigieux des poëmes par vous enfantés sont venus au fond de ma province exciter en moi un désir de terres vierges à fouler (…) ».
Au début des années 1890, le jeune homme correspond avec « son maître » et le rencontre en 1891 lors d’un mardi de la rue de Rome. Il deviendra le disciple préféré du « Prince des poètes », si proche de lui qu’il est aujourd'hui considéré comme son fils spirituel.
Valéry séjourne ensuite plusieurs fois à Valvins qui lui inspire un poème en 1897 dont la version manuscrite et dédicacée à Mallarmé est conservé au musée. Ce poème est la contribution de Paul Valéry à un album de vers constitué à l’initiative d’Albert Mockel et offert le 23 mars 1897 à Stéphane Mallarmé. On trouve parmi les vingt-trois poètes contributeurs Paul Claudel, André Gide, Pierre Louÿs, Maurice Maeterlinck ou encore Georges Rodenbach.
Si tu veux dénouer la forêt qui t’aère
Heureuse, tu te fonds aux feuilles, si tu es
Dans la fluide yole à jamais littéraire,
Traînant quelques soleils ardemment situés
Aux blancheurs de son flanc que la Seine caresse
Émue, ou pressentant l’après-midi chanté,
Selon que le grand bois trempe une longue tresse,
Et mélange ta voile au meilleur de l’été.
Mais toujours près de toi que le silence livre
Aux cris multipliés de tout le brut azur,
L’ombre de quelque page éparse d’aucun livre
Tremble, reflet de voile vagabonde sur
La poudreuse peau de la rivière verte
Parmi le long regard de la Seine entr’ouverte.
C’est sans doute par l’intermédiaire des Mallarmé que Valéry rencontre celle qui deviendra son épouse : Jeannie Gobillard. Aujourd'hui conservé au musée, ce dessin original à la plume réalisé par Julie Manet représente le jeune Paul tournant les pages pour Jeannie, sa future femme, qui joue du piano.
Devenues orphelines en 1893, Jeannie et sa sœur Paule Gobillard vinrent habiter chez leur tante Berthe Morisot et son mari Eugène Manet puis vécurent avec leur fille Julie chaperonnées par une gouvernante après le décès du couple.
Toutes trois firent de fréquents séjours à Valvins : Mallarmé, le tuteur de Julie Manet, les surnommait affectueusement « l’escadron volant » et veillait sur le jeune trio : « Il nous avait si gentiment adoptées, tout de suite, comme filles, Paule et moi et nous avions été tellement touchées de ce qu’il nous traitait de même que Julie. » (Lettre de Jeannie Gobillard à Geneviève Mallarmé, 15 septembre 1898 ).
Le 9 septembre 1898, lors de l’enterrement de Mallarmé à Valvins, Valéry bouleversé ne peut prononcer son discours : « Cela me soulagera un peu d’écrire, car il y a trois nuits que je ne dors plus, que je pleure comme un enfant et que j’étouffe. Enfin, j’ai perdu l’homme que j’aimais le plus au monde et, de toute façon, pour mes sentiments et ma manière de penser rien ne le remplacera. » (lettre de Paul Valéry à André Gide, 26 septembre 1898).
La disparition du poète affectera profondément son entourage, ainsi les anciens mardistes avec à leur tête Paul Valéry se réunissent après sa mort pour aider Marie et Geneviève à protéger son héritage poétique. En parallèle, Valéry rédigera des notes en vue d’un Tombeau de Mallarmé inachevé dont un court fragment légèrement modifié prendra secrètement place dans La Jeune Parque. Les éloges de Valéry sur Mallarmé seront très nombreuses tant l’influence du Maître demeura forte, une édition de ses Ecrits divers sur Stéphane Mallarmé paraîtra à titre posthume en 1950.
Il n’est rien de plus extraordinaire dans toute l’histoire des Lettres… J’aurais tant voulu faire à Mallarmé un hommage digne de lui !