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Chaque mardi, rendez-vous sur le site internet du musée pour découvrir une nouvelle chronique sur le poète.
Cette semaine, nous vous proposons de découvrir un ouvrage de la bibliothèque de Mallarmé : « L'Étoile des fées ».
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À partir du milieu des années 1880, tous les mardis soirs, Stéphane Mallarmé reçoit des hommes de lettres et des artistes, surnommés les « mardistes ». Pour rendre hommage à ces célèbres soirées, nous vous donnons rendez-vous chaque mardi sur le site internet du musée pour découvrir une chronique inédite sur le prince des poètes.
Les bibliothèques de Mallarmé
Le poète rassemble tout au long de sa vie de nombreux ouvrages, dont la plupart sont aujourd’hui encore conservés dans ses bibliothèques française et anglaise au musée. Ce sont généralement des livres d’édition courante, bon marché, acheté par Mallarmé, professeur d’anglais peu fortuné.
Bien plus souvent encore, ses bibliothèques sont fréquemment enrichies d'ouvrages offerts et envoyés par ses amis écrivains ou de jeunes auteurs en quête de reconnaissance – à celui qui apparaît dès les années 1880 comme le maître de la poésie française.
Ainsi, Mallarmé recevait régulièrement beaucoup de livres et chaque semaine sa fille les lui expédiait de Paris à Valvins lorsqu’il y séjournait. Le poète consacrait ensuite une partie de la journée à répondre soigneusement aux intéressés par de charmantes lettres.
Valvins, lettre de Mallarmé à Zola,
26 avril 1878.
Mon cher confrère,
Mille fois merci de m'avoir inscrit au nombre de vos premiers lecteurs : j'étais fort souffrant, au reçu de votre volumeque je viens d'emporter et de lire à la campagne, d'où mon retard à vous presser la main. Je causerai longuement avec vous, quand j'aurais le plaisir de vous voir, jeudi : permettez-moi aujourd'hui de vous dire simplement et en deux mots, que j'admire votre dernière œuvre à l'égal de toutes les autres, et peut-être un peu plus.
L'Étoile des fées
Mallarmé reçoit bien évidemment les ouvrages auxquels il collabore, aussi bien en sa qualité d'auteur que de traducteur. Le musée possède d'ailleurs des livres rares dont une édition originale de L' Étoile des fées, unconte fantastique de l'autrice britannique W. C. Elphinstone Hope,paru simultanément en anglais sous le titre « The Star of the Fairies » en 1881.
Publiée par la maison d'édition à succès G. Charpentier,la version française est traduite par Stéphane Mallarmé, tandis que le monde imaginaire appelé Luminarium,prend vie grâce aux illustrations de John Laurent,également présentes dans sa variante anglaise.
Dix ans plus tard, le poète récidive dans ce genre littéraire avec Les Contes indiens à la demande de sa muse, la belle Méry Laurent, à découvrir dans le prochain « mardi dans la bibliothèque ».
Extrait du conte
Il était une fois, dans une des étoiles du ciel, un monde appelé Luminarium qui, comme notre terre, renfermait des contrées nombreuses. Terre-Libre avait été entre toutes une des plus puissantes et des plus florissantes ; mais, au moment où débute cette histoire, Dorigénès, le roi, était prématurément vieux et faible et laissait son royaume entièrement aux soins de ses ministres, plus soucieux de leur propre popularité et de leur élévation aux honneurs que de la gloire du pays. Dorigénès s’était marié tard dans la vie : il eut plusieurs enfants, entre lesquels sa favorite était la princesse Blanche, sa fille aînée, alors âgée de douze ans ; celle qui ressemblait le plus à sa mère Lucinde. Cette jeune Princesse avait de grands talents et un goût particulier pour la lecture ; mais, quoique faisant ses délices du récit de nobles faits, il ne lui arrivait jamais de s’essayer à les égaler. Satisfaite d’être née grande princesse, d’avoir tout ce qu’elle désirait, elle ne s’inquiétait pas des créatures ses pareilles, non plus qu’elle ne s’intéressait à savoir si son rang la mettait à même de soulager quelqu’une des misères de ce monde, et d’être noble ainsi.
La Fée Égoïste était sa compagne perpétuelle, et gâtait chez elle ce qui eût pu, sous une tutelle différente, lui faire une réputation distinguée.
Blanche était grande et élégante, et son visage aurait paru encore plus beau, si l’expression en eût été plus douce ; mais les traits, formés avec perfection, étaient froids et hautains, enlevant tout charme à sa physionomie. Princesse, elle était naturellement entourée de flatteurs, qui lui faisaient accroire qu’elle ne pouvait rien faire de mal. Ses façons altières, impérieuses, on les appelait royales ; son insolence, on la signalait comme de l’esprit : c’était du caractère que l’obstination de son esprit volontaire.
Dans le grand bois avoisinant le parc de son père, était une clairière charmante, où elle pouvait se livrer, sans qu’on la troublât, à sa passion pour la lecture. Un jour qu’elle s’était retirée en son coin favori et qu’étendue sur un lit de mousse, elle s’absorbait dans le contenu de son livre, elle sentit quelqu’un lui toucher le bras...