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Un mardi à Valvins : le jardin du poète

© Kyano
Chaque mardi, rendez-vous sur le site internet du musée pour découvrir une nouvelle chronique sur le poète. Cette semaine, focus sur le jardin de la maison de Valvins si cher au poète.

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À partir du milieu des années 1880, tous les mardis soirs, Stéphane Mallarmé reçoit des hommes de lettres et des artistes, surnommés les « mardistes ». Pour rendre hommage à ces célèbres soirées, nous vous donnons rendez-vous chaque mardi sur le site internet du musée pour découvrir une chronique inédite sur le prince des poètes.

Le jardin à l'époque de Mallarmé

Du temp du poète, la cour du musée abrite un « jardinet tout fleuri de roses trémières » (journal de Julie Manet, 24 juillet 1898) qui sert de cadre au salon d’été. Ces dames s’y reposent, y brodent et y prennent le thé. Mallarmé y reçoit volontiers les amis de passage, sous le marronnier blanc qu’il a planté dans les années 1880 avec sa fille Geneviève.

De l’autre côté de la maison, un grand jardin où il s’exerce avec passion à l'horticulture, seul ou en compagnie de sa fille. Sa correspondance abonde de détails sur ses activités, surtout à partir de 1896, et montre ainsi combien il aime jardiner et « faire la toilette aux fleurs avant la sienne ».

Si vous n'avez pas changé d'avis et n'hésitez pas à tourner vos projets de villégiature du côté de Fontainebleau, on parlera de la grande maison au vieux jardin.

Stéphane Mallarmé

Lorsqu’il séjourne à Valvins sans sa femme et sa fille, restées à Paris, il leur donne des nouvelles du jardin qui fait l’objet de tous les soins du poète, soucieux de le présenter en bon état à Geneviève : « Voici la première grande pluie, au déclin du jour; le jardin ou ce qui en reste, en avait besoin : j'ai mis mes sabots. Les marronniers verdissent et épaississent à vue d'œil. Le rosier de Bengale est plus feuillu que jamais, taillé; et j'attends les roses ».

Dans ses lettres, Mallarmé fait aussi état de ses dépenses et énumère les fleurs et les plantes qu’il achète pour étoffer les massifs : phlox, giroflées, chrysanthèmes, dahlias… « Toutes ces plantes, entre deux et cinq sous : telles sont mes humbles folies ». Apparues avec timidité dans les jardins ruraux à partir du milieu du 19ème siècle, ces fleurs d’ornement étaient très appréciées à l’époque.

Non ton jardin s'annonce, beaucoup de petits soleils ; et mille plantes pointent, que tu as semées. Je voudrais que vous vissiez (…) les rosiers du mur qui éblouissent.

Stéphane Mallarmé

Poème « Les Fleurs »

Des avalanches d’or du vieil azur, au jour
Premier et de la neige éternelle des astres
Jadis tu détachas les grands calices pour
La terre jeune encore et vierge de désastres,

Le glaïeul fauve, avec les cygnes au col fin,
Et ce divin laurier des âmes exilées
Vermeil comme le pur orteil du séraphin
Que rougit la pudeur des aurores foulées,

L’hyacinthe, le myrte à l’adorable éclair
Et, pareille à la chair de la femme, la rose
Cruelle, Hérodiade en fleur du jardin clair,
Celle qu’un sang farouche et radieux arrose !

Et tu fis la blancheur sanglotante des lys
Qui roulant sur des mers de soupirs qu’elle effleure
A travers l’encens bleu des horizons pâlis
Monte rêveusement vers la lune qui pleure !

Hosannah sur le cistre et dans les encensoirs,
Notre Dame, hosannah du jardin de nos limbes !
Et finisse l’écho par les célestes soirs,
Extase des regards, scintillement des nimbes !

Ô Mère qui créas en ton sein juste et fort,
Calices balançant la future fiole,
De grandes fleurs avec la balsamique Mort
Pour le poète las que la vie étiole.

 

 

Après la mort de Mallarmé

Après la mort de Stéphane Mallarmé en 1898, ses héritiers n’ont eu de cesse d'entretenir la maison et ses extérieurs, jusqu’à leur achat en 1985 par le Conseil départemental de Seine-et-Marne. Le projet de reconstitution du jardin est alors confié à la paysagiste Florence Dollfus, qui va réussir à le restituer grâce à l’abondante correspondance du poète, les traces des anciennes allées et des végétaux subsistants ainsi que des photographies anciennes ou encore des traités de jardinage du 19ème siècle.  

Aujourd'hui, Le jardin du musée invite les visiteurs à solliciter leurs sens. En plus des fruitiers qui régalent les gourmands, une cinquantaine de variétés de plantes à floraison s’épanouissent et offrent leurs belles couleurs au regard à chaque saison, du printemps à l’automne.

Les senteurs sont également au rendez-vous avec les nombreuses variétés de roses mais également les herbes aromatiques du potager pédagogique. Enfin le jardin est entièrement biologique pour le grand plaisir de la flore et de la faune déjà présentes du temps de Mallarmé. 

À l’instant, en fermant mes persiennes, ouï un concert où se mêlaient la chouette, un oiseau aquatique, les derniers rossignols et le chœur des grenouilles.

Stéphane Mallarmé

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