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Un mardi avec James Whistler : The Dancing Girl

James Abbott McNeill Whistler, The Dancing Girl, 1890, lithographie, musée Stéphane Mallarmé © Yvan Bourhis
Chaque mardi, rendez-vous sur le site internet du musée pour découvrir un écrit sur le poète.
Cette semaine, nous mettons en lumière une nouvelle œuvre de James Whistler conservée au musée.

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À partir du milieu des années 1880, tous les mardis soirs, Stéphane Mallarmé reçoit des hommes de lettres et des artistes, surnommés les « mardistes ». Pour rendre hommage à ces célèbres soirées, nous vous donnons rendez-vous chaque mardi sur le site internet du musée pour découvrir un écrit sur le prince des poètes.

The Dancing Girl

En 1890, James Whistler réalise quatre lithographies pour la revue The Whirlwind et offre à son cher Mallarmé une épreuve de chacune des estampes dont The Dancing Girl qui servira de frontispice au journal britannique. 

Alors qu’il vient de recevoir son exemplaire de « La Danseuse », le poète remercie chaleureusement l'artiste dans une lettre du 5 janvier 1890 :

Mon cher ami, Quelle merveille ! et pourtant, je ne sais si ma joie d'y jeter les yeux, pendue au mur de la petite salle que vous connaissez , ne vient pas, autant de l'attention exquise, vraiment, que de la beauté de votre œuvre

Mallarmé accroche la lithographie dans son salon de la rue de Rome aux côtés des œuvres qui lui sont chères dont la gravure Lola de Valence d'Édouard Manet, toujours conservée au musée, et la peinture Le train à Jeufosse de Claude Monet.

Ce tableau offert par le peintre français est resté dans la famille jusqu'au début des années 50 où Louise Bonniot, seconde épouse d'Edmond Bonniot (gendre du poète suite à son premier mariage avec Geneviève Mallarmé), décide ensuite de le vendre afin de couvrir les frais d'entretien de la maison de Valvins. 

 

 

Lettre de Whistler à Mallarmé, 20 octobre 1890

Whistler écrit à son ami afin qu'il rédige un texte pour la revue, requête à laquelle Mallarmé répondra favorablement quelques jours plus tard comme en témoigne leur correspondance

« Mon cher Ami 

Maintenant j'espère que le « Whirlwind » vous plait ?

[...] Maintenant j'y prends un intérêt énorme — et je vais leur donner des lithographies originales  — La première va paraitre cette semaine  — comme vous voyez je vous l'enverrez de suite  — naturellement  — Mais ce que j'ai au cœur est le grand désir que vous leur prétiez de temps à autre un beau sonnet »

Lettre de Mallarmé à Whistler, 25 octobre 1890

« Mon cher Whistler

Oui, le Whirlwind est parfait et m'intéresse, à travers vous, et aussi par lui-même. Je vais au premier jour, vous adresser, pour lui, un rien, combinant vos deux suggestions, de la lettre et des vers. Un petit sonnet de congratulation, avec votre nom à la rime, Ah ! Ah ! Ah ! »

Lettre de Whistler à Mallarmé, 29 octobre 1890

 

« Mon ami ! Comment vous remercier ! [...] Oh ! le sonnet  ! Si vous saviez comme je me fais d'avance une joie de le lire ! Ah ! Ah ! Ah ! »

 

 

The Whirlwind  (Le Tourbillon)

Mallarmé lui adresse le sonnet, qui paraît dans The Whirlwind  du 15 novembre 1890, c’est cette danseuse, personnification du « tourbillon » dont la revue porte le nom, qui constitue le thème central du poème.

Pas les rafales à propos
De rien comme occuper la rue
Sujette au noir vol de chapeaux :
Mais une danseuse apparue

Tourbillon de mousseline ou 
Fureur éparses en écumes 
Que soulève par son genou 
Celle même dont nous vécûmes

Pour tout hormis lui, rebattu 
Spirituelle, ivre, immobile  
Foudroyer avec le tutu, 
Sans se faire autrement de bile

Sinon rieur que puisse l’air 
De sa jupe éventer Whistler. 

Voir aussi

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