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Un mardi avec Mallarmé : les poèmes sur éventails
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À partir du milieu des années 1880, tous les mardis soirs, Stéphane Mallarmé reçoit des hommes de lettres et des artistes, surnommés les « mardistes ». Pour rendre hommage à ces célèbres soirées, nous vous donnons rendez-vous chaque mardi sur le site internet du musée pour découvrir un écrit sur le prince des poètes.
Nommé en 1863 au lycée impérial de Tournon comme professeur d’anglais, Stéphane Mallarmé se lie d’amitié avec Charles-André Seignobos, futur député de l’Ardèche, et son épouse Dinah à qui le poète offre cet éventail au style japonisant, aujourd'hui conservé au musée. Décoré avec un paysage de lac et de montagne au revers, les vers de Mallarmé, dédiés à son amie, viennent illustrer l'autre face de l'éventail.
« Avec la bise de cette aile
Madame Dinah Seignobos
Peut, très clémente, y pense-t-elle
Effacer tous nos vains bobos »
La bibliothèque littéraire Jacques Doucet regorge de trésors mallarméens et conserve notamment plusieurs poèmes sur éventails dont celui dédié à sa femme Marie Mallarmé mais également ceux offerts aux épouses de ses amis, Mesdames Léopold Dauphin et Henry Roujon, et le magnifique éventail noir d'Augusta Holmès, compagne de Catulle Mendès.
Éventail de Madame Mallarmé
« Avec comme pour langage
Rien qu’un battement aux cieux
Le futur vers se dégage
Du logis très précieux
Aile tout bas la courrière
Cet éventail si c’est lui
Le même par qui derrière
Toi quelque miroir a lui
Limpide (où va redescendre
Pourchassée en chaque grain
Un peu d’invisible cendre
Seule à me rendre chagrin)
Toujours tel il apparaisse
Entre tes mains sans paresse »
Éventail de Madame Léopold Dauphin
« Spirituellement au fin
Fond du ciel, avec des mains fermes
Prise par Madame Dauphin,
Aile du temps, tu te refermes. »
Éventail de Madeleine Roujon
« Simple, tendre, aux prés se mêlant,
Ce que tout buisson a de laine
Quand a passé le troupeau blanc
Semble l'âme de Madeleine. »
Éventail d'Augusta Holmès
« Fleur, signe et, sur le lac, cygne
Au son d'Augusta Holmès
Le battement suit la ligne
Du nonchaloir de Mendès. »
Près d'une vingtaine de poèmes sur éventails ont été répertoriés à ce jour, parmi eux, on retrouve également un éventail offert à Misia Natanson, amie très chère du poète et muse des Nabis. D'inspiration nippone comme celui dédié à Dinah Seignobos, il témoigne de l'attrait des artistes et écrivains de l'époque pour la civilisation et l'art japonais. Le poète y est d'ailleurs très sensible et offre un troisième éventail dans le même style à Anna Rodenbach, épouse du romancier et poète belge, Georges Rodenbach.
« Aile que du papier reploie
Bats toute si t'initia
Naguère à l'orage et la joie
De son piano Missia »
« Ce peu d'aile assez pour proscrire
Le souci, nuée ou tabac
Amène contre mon sourire
Quelque vers tu de Rodenbach. »
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